jeudi 10 juin 2010

Tajine à l’agneau , olives, poivron rouge

Mon boucher préféré? C’est monsieur Casbah!
Pour vrai, je ne sais pas son nom, mais c’est le propriétaire de la boucherie La Casbah (3170, rue Bélanger / 9e rue, Montréal). Il est toujours souriant et content de nous voir. En plus que c’est une personne agréable, j’en parle ici car son agneau est de première qualité, et c’est très difficile de trouver mieux… et il est moins que la moitié moins cher que l’agneau acheté en supermarché!
C’est donc le fournisseur officiel d’agneau (et de veau) de anecdotesdecuisine.com :)
(Ce blogue est d'ailleurs à la recherche de fournisseurs officiels de caviar de Russie, de Sauternes, de Pétrus et de foie gras de canard. Envoyez une caisse pour évaluation)
Dans sa boutique, il vend aussi des petites olives succulentes, couscous et de nombreuses choses du Maghreb. Il vend un pain maghrébin très bon. Et parfois des pâtisseries aux dates vraiment succulentes, les makrouds. Il faut aussi goûter à la harissa maison de madame Casbah!
En passant, je n’utilise pas de tagine pour faire ce plat, mais plutôt une grosse cocotte lourde (de type Le Creuset) et ça fonctionne très bien!

Recette pour 6 personnes
Temps à prévoir :
Préparation environ 20 minutes, puis cuisson de 2 heuresSource : mélange de plusieurs recettes trouvées sur Internet, pour finalement faire une recette à la moi

- Trois livres (1,2 kg) d'épaule d'agneau désossée, en tranches d’environ trois-quarts de pouce (2 cm)
- Une tasse (250 ml) de petites olives noires (mélangées avec des violettes, si vous en trouvez)
- 2 gros poivrons rouges
- 8 pommes de terre jaunes
- 2 oignons moyens
- 2 cuillères à soupe de cumin en poudre (ou encore de cette épice arabe au drôle de nom : Ras el hanout je dirai pas la niaiserie de ma blonde à ce sujet ;) )
- 2 cuillères à soupe de curcuma en poudre
- huile d’olive
- Sel, poivre au goût
ü Faire chauffer le four à 250ºF (120ºC);
ü Coupez les tranches d’agneau en deux ou trois gros morceaux;
ü Émincez les oignons en huitièmes, puis émincez les poivrons en lanières assez large;
ü Pelez les pommes de terre et coupez-les en sixièmes ou en huitièmes dans le sens de la longueur;
ü Faites chauffer l'huile dans la cocotte. Dorer la viande. Réserver;
ü Ajouter à la cocotte les oignons, les poivrons et les pommes de terre. Faites-les revenir 3-5 minutes en remuant;
ü Remettez la viande dans la cocotte. Ajoutez les olives et tous les épices, salez et poivrez au goût;
ü Versez une demi-tasse d'eau dans la cocotte, couvrez et faites cuire pendant 2 heures;
ü Servir avec du couscous! Dans un bol, autant de couscous que de bouillon bouillant. Ajouter du beurre et égrener à la fourchette. Pour le bouillon, on trouve aussi chez monsieur Casbah des cubes de bouillon d’agneau, qui donne une semoule de couscous au goût extraordinaire.
ü Voilà! Sortez la harissa et un vin rouge assez corsé (sud de la France, Californie, Australie).

Pendant ce temps
, je suis en train de me taper une brique vraiment intéressante, « Les Chuchoteurs » de Orlando Figes. Ce livre de près de 800 pages raconte la vie des Russes juste avant la révolution de 1917 quand les communissss de Lénine ont pris le pouvoir, et comment les choses ont changé après.
En fait, ce livre répond à plusieurs questions sur la liberté et comment on vient à la perdre petit à petit avec le fanatisme. Comment ces gens qui étaient tout de même assez libre sous le dernier tsar; ils ont soudain basculé et se sont mis à se méfier de tout le monde, incluant leurs propres enfants?
À travers l'école et des camps genre scouts, l’éducation des jeunes enfants était devenue un véritable endoctrinement pour la révolution communiste, où des enfants qui avaient dénoncés leurs parents qui tenaient des propos contre le régime étaient proposés comme héros. La dénonciation était encouragée, alors les parents se la fermaient à la maison et jouaient le jeu, pas le choix! Ou ils chuchotaient, d'où le titre du bouquin.
Aussi, les appartements en ville ont étés redivisés pour faire de la place aux paysans qui fuyaient la misère des campagnes. Alors un appartement de type 5 ½, qui accueillait confortablement une famille de 5 personnes, était redivisé pour accueillir trois familles de cinq personnes (une famille par chambre à coucher; et le salon, la cuisine et la salle de bain étaient partagés)!

Évidemment, chaque appartement comptait des familles zélées (membre du parti) et … des familles à surveiller. Comme les murs étaient en carton, personne ne pouvait plus avoir de conversations privées, et on épiait les visiteurs des autres familles. Avec les arrestations arbitraires de contrerévolutionnaires la nuit, la peur et méfiance était ainsi installée en maître.
Aussi, comment Staline (qui a pris le pouvoir après Lénine) a réussi à démolir en peu de temps l’organisation traditionnelle et la vie des villages, même les plus reculés, lors de la collectivisation des fermes? Car la nouvelle armée russe communiste ne pouvait mettre au pas toute la vaste campagne russe!
Au début, des « recruteurs » visitaient chaque village pour recruter au parti les insatisfaits (souvent les plus pauvres et les envieux), qui étaient endoctrinés contre les « méchants » propriétaires, et petit à petit, entrainaient les autres du village contre les fermiers propriétaires.
Éventuellement, la police débarquait pour quelques jours dans le village et les membres du parti accusaient les propriétaires de « crimes de propriété ». Ces fermiers se voyaient embarqués pour le goulag, alors que les fermes passaient sous une administration collective. C’est évidemment avant les moyens de communications modernes, alors l’envie (et autres pires défauts de l’humanité), l’isolation (et la brutalité) avait raison des plus récalcitrants.
Ce qui est paradoxal, et presque drôle dans cette horreur, c’est que l’administration des fermes collectives était constituée de gens qui n’y connaissaient rien, alors que les personnes qui savaient comment exploiter une terre se gelaient les fesses au goulag : la production agricole est tombée en flèche, et la misère était atroce dans les campagnes… Super résultat!
Une autre anecdote que je trouve fascinante et révélatrice : un soir, ce bon vieux rigolo de Staline se reposait à sa maison de campagne, et il se demandait quel était le nom d’une étoile particulièrement brillante. Un des gardes propose d’aller demander aux scientifiques d’un observatoire pas trop loin. Staline approuve et les gardes embarquent dans leur camion militaire et se rendent à l’observatoire.
Hors, le climat était à la peur dans les milieux intellos, en raison des nombreuses purges brutales de la police la nuit : les gens qu’on ne revoyait jamais et il y avait aussi ces rumeurs de tortures pour avouer des crimes, même ceux qu’on n’avait pas commis.
Et bien, quand les scientifiques ont vu le camion militaire monter vers l’observatoire, ils ont pris peur et se sont suicidés! Dingue, non?
Ce livre fascinant et dérangeant coûte un bras, alors il me fera plaisir de le prêter!

1 commentaire:

  1. # Isabelle on 06/16/10 at 22:33 Editer... Supprimer!
    j'ai presque été élevée " au tajine " lol ! l Mon père a été quelques années en Algérie.
    Ensuite, ses amis étaient marocains et algériens et les fins de semaine, ils venaient cuisiner à la maison !
    Une fois par an, ils allaient choisir un mouton et mon père faisait un méchoui...que de souvenirs gourmands !
    Je passe pour une extra-terrestre quand je dis que j'adore le mouton, je trouve que ça goûte bien plus que l'agneau, mais je ne suis pas fichue d'en trouver ici !

    Au marché Jean-Talon, il y a une épicerie arabe, ils vendent des tajines tous simples en terre cuite pour juste 20 $...fais toi en offrir un :)


    # jopekin [Membre] on 06/17/10 at 10:25 Editer... Supprimer!
    Je n'ai jamais gouté de mouton, alors je suis curieux à la suite de ton commentaire. On en trouve même pas au marché Jean-Talon? Je vais demander à monsieur Casbah.

    En fait, pour le tajine, j’essaie de limiter mes achats de quincaillerie de cuisine car je pourrais facilement m’emporter et remplir ma cuisine et le salon. Mis à part le décorum, est-ce que le tajine traditionnel change quelque chose au goût?

    Joël


    # JF on 10/12/10 at 17:24 Editer... Supprimer!
    J'ai fait ta recette hier, dans une dite tajine. Très bon et savoureux. Je l'ai fait avec une épaule non décortiquée, faute de pièces tranchées à mon marché du banlieue mono ethnique. J ai décortiqué une bonne partie de la viande en cube sauf le dernier 4" du bas de la patte que j'ai fait rôtir directement comme ça. Transfert le tout dans le plat... Après quelques heures de cuisson, ce petit morceau innocent s'est transformé et devient la pièce de choix pour le gourmand de la maison.


    # jopekin [Membre] on 10/12/10 at 17:46 Editer... Supprimer!

    Hey, merci!

    Cool! On se refait une méga tajine aux côtes de brontosaures un de ces jours! :) Juste des bouts d'os avec de la viande!

    Après les "bronto-sushi de gars", la "tajine de gars" :)

    Joël

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